Une équipe de l’Institut de Myologie, dirigée par France Piétri-Rouxel (Sorbonne Universités, UPMC / Inserm / CNRS / Institut de Myologie) a permis de définir un seuil de fibres musculaires contenant de la dystrophine nécessaire à normaliser l’état de protéines essentielles à la fonction contractile des muscles mais également à améliorer de façon significative l‘état physiologique du muscle dans son ensemble.
La dystrophie musculaire de Duchenne est une myopathie sévère caractérisée par une faiblesse musculaire progressive, générant à terme à la perte de la marche et des insuffisances cardiaques et respiratoires. La maladie est causée par une mutation du gène de la dystrophine (DMD) induisant une carence en protéines. À ce jour, aucun traitement curatif n’existe.
À l’heure actuelle, la stratégie clinique la plus avancée pour traiter la myopathie de Duchenne (DMD) est celle du saut d’exon. Alors que les essais cliniques à base d’oligonucléotides antisens sont en cours pour la DMD, il était essentiel de déterminer un seuil de restauration de la dystrophine nécessaire pour évaluer l’amélioration de la physiologie musculaire au niveau moléculaire et notamment en étudiant l’état de protéines importantes pour la contraction musculaire.
Cette étude a été réalisée suite à un essai préclinique mené récemment sur des chiens GRMD, naturellement atteint d’une forme de dystrophie musculaire et dont les membres antérieurs ont été traités via des injections de vecteurs rAAV8-U7snRNA induisant alors un saut d’exon dans le but de restaurer l’expression de la dystrophine.
L’étude publiée a donc permis de déterminer qu’un seuil de 40% de fibres musculaires exprimant la dystrophine est nécessaire à normaliser l’état de protéines essentielles à la fonction contractile des muscles et que ce seuil est corrélé à une amélioration significative de la résistance musculaire. Ainsi ces travaux révèlent qu’il est primordial d’atteindre un niveau d’expression de dystrophine non seulement pour l’action directe de cette protéine, mais également pour une amélioration significative de la fonction et de la physiologie du muscle dans son ensemble.
Ces travaux publiés le 08 juin 2016 dans la revue Human Gene Therapy ont été soutenus par l’AFM-Téléthon et sont disponibles en ligne.